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Les médias publics : unis par l’essentiel

Publié le 28 avril 2021 par Médias Francophones Publics


Les médias publics : unis par l'essentiel

Lieux culturels inaccessibles, écoles souvent fermées, épidémie de fausses informations. Les citoyens sont confrontés depuis plus d’un an à des situations inédites qui bouleversent leur quotidien et à l’essor de la rumeur complotiste qui menace nos démocraties. Qu’est-ce qui est essentiel dans un tel contexte ? Cette question, qui revient souvent au gré des mesures appliquées pour juguler la progression du virus, a servi de boussole aux médias francophones publics dès les premières heures de la crise. Pas moins que l’air que nous respirons, la fiabilité de l’information, mais aussi la continuité de l’éducation, la transmission de nos valeurs et le partage de la culture sont des biens essentiels pour nos sociétés. Depuis le début de la crise, nos concitoyens se sont massivement tournés vers les médias publics, ils ont apprécié la qualité de l’information, ils y ont trouvé un repère. Dans 65% des pays européens (1) et au Canada (2), les médias publics sont ceux dans lesquels les citoyens ont le plus confiance pour leur délivrer une information de qualité.

Dans ces circonstances exceptionnelles, les médias francophones publics se sont par exemple unis pour couvrir l’élection présidentielle américaine et apporter leur regard singulier sur cet événement majeur de 2020. Face aux infox, la chaîne française d’information en continu franceinfo, s’est mobilisée quotidiennement avec le rendez-vous de fact-checking Le Vrai du faux. Cette mission de décryptage se retrouve sur nos territoires nationaux, mais aussi en dehors de nos frontières. RFI et France 24 se sont ainsi particulièrement mobilisées contre les infox propagées mondialement sur la Covid-19, et notamment en Afrique, en proposant des émissions et chroniques spécifiques et en relayant les messages de prévention des autorités sanitaires. En 2020, France Médias Monde, leur maison mère, a connu une croissance exponentielle de ses fréquentations numériques, qui ont triplé. C’est aussi le cas de TV5MONDE, qui a vu sa consultation de contenus vidéo doubler.

Pour autant, ces résultats encourageants ne doivent pas nous conduire à nous satisfaire de l’existant. Dans un contexte où la désinformation prend de l’ampleur et constitue une menace croissante pour nos démocraties, nous avons la responsabilité d’assurer une plus grande transparence de nos pratiques journalistiques afin d’entretenir un lien de confiance pérenne avec les citoyens. Comprendre la manière dont se « fabrique » l’information, c’est apprendre à distinguer l’information de la rumeur. Plus largement, comprendre le monde dans lequel on vit, c’est être armé pour éviter les pièges des infox.

Pour cela, nous sommes convaincus que nous devons agir en partenaires de l’éducation. C’est pourquoi nos médias ont fait de l’accompagnement des personnels éducatifs et des familles une priorité. Nous avons pensé nos offres comme un tout comprenant l’aide à la révision, mais aussi le divertissement au service de l’épanouissement et de la compréhension du monde.

Dès le début de la pandémie, nos médias se sont mobilisés pour offrir aux familles des programmes à la fois ludiques et pédagogiques à destination des plus jeunes. Quelques jours après le début du premier confinement, Vacarme, l’émission de reportages quotidienne de la chaîne suisse RTS La Première, se transformait en Brouhaha, émission destinée aux enfants confinés à la maison. De son côté, TFO a offert une réponse immédiate pour les parents, élèves et enseignants francophones et francophiles du Canada avec une série de programmes éducatifs et culturels offrant une expérience interconnectée sur toutes ses plateformes.

Enfin, pour entretenir la curiosité et l’évasion des citoyens en pleine crise sanitaire, les médias publics ont pris le relais des cinémas, des théâtres, des musées, des salles de concert, pour les soutenir et être le porte-voix des artistes privés de l’accès à leur public. Nos médias se sont lancés dans des initiatives ambitieuses, à l’image de France Télévisions, qui a créé sa chaîne éphémère Culturebox pour que le spectacle continue, Télé-Québec et son Passeport Culturel, série de programmes spéciaux en production originale pour faire vivre les arts de la scène, ou encore Radio-Canada, qui a maintenu son talk-show Bonsoir Bonsoir aux premières heures de la crise, alors que les plateaux TV étaient presque tous à l’arrêt. Le soutien aux artistes fut également au cœur du dispositif #RadioFranceaveclaScèneFrançaise, qui a conduit à partir du mois de mars 2020 à augmenter la présence d’artistes francophones à l’antenne. La RTS s’est quant à elle lancée dans une politique de captation et de diffusion de spectacles et de concerts. ARTE s’est mobilisée pour offrir de nouveaux lieux de culture et des projets inédits : premier festival tout-numérique post-confinement en juin 2020 « Le temps retrouvé », « Concerts à la maison » et la Saison ARTE Opera.

Pour nos médias, prendre le relais des lieux culturels, c’est s’attacher à défendre la diversité culturelle et garantir la promotion des identités et patrimoines francophones locaux, bien loin de la dictature de l’immédiateté et de l’uniformité qu’induit la dépendance de plus en plus grande du secteur aux plateformes. On peut aussi souligner le soutien direct à l’économie de la culture, avec des initiatives comme celle de la RTBF qui engageait en mai 2020 le budget ambitieux de 13,4 millions d’euros pour son plan #restart, permettant à plus d’une centaine d’initiatives de voir le jour pour animer les liens entre publics et artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est aussi le cas de TV5 Québec Canada, qui a augmenté de 20% ses budgets de développement au service de la création au plus fort de la crise.

S’informer en confiance, apprendre en s’évadant, continuer de rêver grâce à une culture plurielle et ancrée dans nos identités locales : c’est ainsi que nous envisageons l’essentiel aujourd’hui. Jamais nos publics ne nous ont manifesté une confiance aussi forte. Alors, quand notre monde aura retrouvé son équilibre, ces valeurs continueront à animer les médias francophones publics.

Par Yves Bigot (Directeur général de TV5MONDE), Michel Bissonnette (Vice-Président principal de Radio-Canada, Vice-Président des MFP), Marie-Philippe Bouchard (Présidente-Directrice générale de TV5 Québec Canada), Marie Collin (Présidente-Directrice générale de Télé-Québec), Pascal Crittin (Directeur de la RTS, Vice-Président des MFP), Delphine Ernotte (Présidente de France Télévisions), Eric Minoli (Président et Chef de la direction du Groupe Média TFO), Bruno Patino (Président d’ARTE), Jean-Paul Philippot (Administrateur général de la RTBF), Marie-Christine Saragosse (Présidente-Directrice générale de France Médias Monde), Sibyle Veil (Présidente-Directrice générale de Radio France, Présidente des MFP).

Notes
(1) Union Européenne de Radio-Télévision, rapport « La Confiance dans les médias », avril 2020.
(2) Reuters Institute, Digital News Report 2020.

À propos des Médias Francophones Publics : fondée en 2016, l'organisation Les Médias Francophones Publics (Les MFP) regroupe les diffuseurs de la francophonie : France Télévisions, Radio France, la Radio-Télévision Suisse (RTS), la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), ARTE, Radio-Canada, Télé-Québec, Groupe Média TFO, France Médias Monde, TV5MONDE et TV5 Québec Canada. Elle organise entre ses membres échanges, collaborations et coproductions. Plus d'infos sur www.les mediasfrancophones.org